Kawa, solo à deux

Kawa, solo à deux


L’artiste peut-il, naïvement, se penser affranchi des lois générales qui cadrent les productions, assignent les fonctions, forgent les représentations?
L’artiste chorégraphique s’invente en se saisissant du corps à corps de l’espace et du temps.
Kawa est cet espace mental disputé à la contrainte. Kawa est le solo de l’être à reconstituer, comme on boit son départ pour un nouveau matin.
L’artiste a créé, avancé, impulsé, produit, montré, diffusé. De retour en solo – mais étoilé dans une écriture duelle et cosignée – son corps visite d’autres bords et entrouvre de nouveaux contours. Il profile, circule, articule, dans le suspens des questions qu’il veut accueillir sans craintes.
Transgresseur d’identité, il défie sa solitude à deux.

« (…) De tous les matins du monde, je ne veux rien d’autre que l’odeur du café, pour me reprendre me remettre dans mes pieds, me transformer d’animal rampant en êtres de raison,(…)
Le café (…) il faut se le préparer soi-même et ne pas se le faire servir. Car celui qui vous l’apporte y ajoute ses paroles, et le café du matin ne supporte pas le moindre mot, il est aube vierge, (…).
Le café est donc ce silence originel, matinal, circonspect, solitaire où tu te tiens, tout seul, avec cette eau que tu choisis, paresseusement et coupé du monde, dans une paix retrouvée avec les êtres et les choses.
(…)Le café, la première tasse de café, est le miroir de la main, de cette main qui tourne le breuvage, le café est déchiffrement du livre ouvert de l’âme, devin des secrets que le jour renferme. »

Extrait de Mahmoud Darwich
Une mémoire pour l’oubli – 1982

CONTEXTE

« Aujourd’hui, c’est l’écriture d’un solo qui s’impose à nous, à moi. Un temps particulier dans le déroulement de mon propre travail de danseur, de chorégraphe, de co-directeur de Compagnie.

Parti avec l’idée de donner à voir une danse
« CHATHA » qui mélange des trajets de corps divers, variés, chargés de nos histoires d’entre les deux rives de la Méditerranée ; parti avec l’idée de faire partager un propos qui émerge des corps d’Aïcha m’Barek et de moi-même, je me sens mûr pour une prise de parole singulière, sous le regard d’Aicha, pour pousser et repousser les recherches autour de notre CHATHA qui a nourri depuis ces dernières années le travail.

A la veille de créer une pièce pour le Ballet de Nancy, nous sentons que notre travail doit prendre un nouveau départ, à la source de mon propre mouvement, qui porte une partie de notre vocabulaire. C’est le moment d’une synthèse. Avec tout ce que nous avons vécu, il nous faut montrer maintenant ce qu’il reste de cela et surtout ce qui a changé, évolué.

Nous avons choisi un titre qui amène toujours une sorte de convivialité mais se souvient-on en le buvant du labeur des Hommes pour l’extraire, l’exploitation humaine et agricole qui conduit à cette boisson ? C’est un peu la même chose avec notre danse : toujours résister aux pressions de toute nature y compris politiques, ethniques… en France et ailleurs. »

Hafiz Dhaou

Conception & Chorégraphie : Aicha m’Barek & Hafiz Dhaou
Interprète : Hafiz Dhaou
Création musique : Eric Aldea & Ivan Chiossonne
Création lumière : Xavier Lazarini
Régie son : Christophe Zurfluh
Régie générale et lumière : Ludovic Bouaud
Administration : Evelyne Nedelec
Diffusion : Les Indépendances / Philippe Chamaux
Création 2010 – Durée : 50 minutes

Production : CHATHA – aïcha m’barek & hafiz dhaou

Coproduction : Bonlieu Scène Nationale d’Annecy
Avec les soutiens de l’Ambassade de France à Tunis, de l’Institut Français de coopération de Tunis, du CDC Avignon / Vaucluse / Provence Alpes Côte-d’Azur au titre de l’Accueil Studio, de l’Espace Ness El Fenn/Les Rencontres Chorégraphiques de Carthage et du Studio Lucien/Compagnie Propos au titre de prêt de studio.




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