Après coups, Projet Un-Femme n°2

Après coups, Projet Un-Femme n°2


Avec des interprètes venues d’horizons géographiques et artistiques différents, nous aimerions accrocher ce point d’achoppement entre le public et le privé, où l’être est brinquebalé entre un régime de pouvoir et l’accomplissement d’un dessein artistique, de son propre destin de femme-artiste. Cette bataille aujourd’hui souvent intériorisée, secrète, non formulée, comment la déplier, y faire un instant retour, lui donner une voix ?

Pour une cartographie : historique du projet

Un premier volet a été créé en 2015 au Théâtre de la Bastille, en partenariat avec Micadanse et le CCN de Roubaix, interprété par Victoria Belen Martinez (acrobate, Argentine) et Natacha Kouznetsova (danseuse, Russie). Nous voudrions aujourd’hui enrichir la proposition d’un nouveau volet: Après Coups, Projet Un-Femme voudrait, par d’autres étapes de travail, provoquer d’autres rencontres, toucher d’autres femmes, d’autres histoires, pour que cette interrogation sur le passé puisse croiser plusieurs générations et donner ainsi à cette géographie une épaisseur pertinente et conséquente faute d’être exhaustive.
Il s’agira donc de produire une nouvelle forme chorégraphique autonome sur le même principe dramaturgique, qui pourra être réunie avec la première dans un parcours aux correspondances multiples.

Des voix, des voies

Nous nous engagerons donc à dessiner une carte du violent par un voyage non exhaustif : à l’écoute de ces nouvelles voix venues de Palestine, du Cambodge et du Danemark, nous essayerons de prendre des bribes d’aveux, de considérations intempestives, d’évidentes soumissions, de curieuses nostalgies, de révoltes, de traversées à travers les évènements parfois catastrophiques, les mythes et mythologies inconscients et collectifs. S’y développeront des correspondances plus vastes, des questions comme celles du féminin et de sa singulière trajectoire périphérique, de la formation, de la filiation, d’une génération aux prises avec son engagement et d’une mondialisation toujours plus réductrice en terme d’imageries et de divertissements. Il est temps d’interroger ce moment particulier où les filiations, plus qu’un repère, deviennent un tourment et les rencontres, plus qu’un échange, sont un affrontement avec soi-même, avec sa propre histoire.

Nous voudrions aussi que chacune des interprètes interroge à sa manière une figure de pouvoir ou au contraire l’anonyme de la soumission, de son double muet. Comment chacune, de par son histoire, de par son art, pourrait s’approprier un instant une de ces figures et explorer la question du cynisme du pouvoir, de l’invention d’un langage de la laideur, du corps animé du discours démagogique jusqu’à la clownerie mais aussi repérer les nouvelles postures fascisantes, les nouvelles rancoeurs, les nouveaux fantasmes de toute puissance derrière lesquels nous pourrions à nouveau nous engouffrer dans cette Cocacolonisation dont parlait Müller.

Corps à corps

A ces voix enregistrées dans l’intimité des répétitions, l’artiste devra répondre par des actes de plateau, par le partage de sa mémoire, lieu de réappropriation de l’individuel et du collectif (langue maternelle, chansons, « danses caractères », iconographies, etc.)
Dans cette distorsion technique entre la parole (en voix off) et le geste, on voudrait libérer le geste pour qu’il puisse faire image et incarner par des figures rudimentaires liées à quelques accessoires en commun au plateau (bottes de soldat, gants de boxe, masques de catch, robes blanches) leurs fantômes, ceux du XXème siècle agonisant ou d’un début de XXIème parfois catastrophique et miséreux.
Ces figures se déploieront plus ou moins dans une bagarre toujours renouvelée avec le cliché, soi-même, les paroles diffusées, sur des musiques jouant aussi le rôle de leitmotiv et de « revivals ». Accents chorégraphiques et ritournelles obsessionnelles dessineront des visions anciennes ou prémonitoires.

Pour aborder le geste, Séverine Chavrier part à la fois de son travail de musicienne et de son travail avec les interprètes sur les masques, qui révèlent un corps furieux, expressif, où le geste devient prégnant et l’image, construite par avec des corps parfois distordus jusqu’à l’extrême, parfois mécaniques, parfois au contraire véhéments, exultant, nous parvient soudain grossie, obscène et pourtant vraie.

La musique par son écriture rythmique, harmonique, coloriste touche évidemment de près au mouvement et est un appui permanent dans les échanges jusqu’à son vocabulaire et son élaboration (accents, syncopes, legato, agitato…etc). Construisant une dramaturgie sonore avec ces morceaux de mémoires musicales, rattrapées, contaminées, violentées, envahies, par des bits binaires technoïdes, la partition propose elle aussi de déplier ce combat entre uniformisation et nivellement d’un anonymat docile et l’écoute de cette inquiétante étrangeté qui nous constitue.

Volet n°2 : Création le 30 janvier 2017 au Théâtre de la Bastille

Conception Séverine Chavrier
Interprètes Asthar Muallem, Voleak Ung, Cathrine Lundsgaard Nielsen

Son Jean-Louis Imbert / Jérôme Fèvre
Lumière Laïs Foulc / Thomas Cottereau
Vidéo Emeric Adrian
Plateau Loïc Guyon
Costumes Nathalie Saulnier
Accessoires Benjamin Hautin
Poursuite Claire Dereeper
Remerciements à Louise Sari, Alexandre Ah-Kye, Samuel Lefeuvre, Lisi Estaràs, Patrick Riou, Cléa Vincent, Aina Alegre, Marion Floras
Administration, production, diffusion Les Indépendances

Production La Sérénade Interrompue
Coproduction Les Subsistances 16/17, le Centre Dramatique National d’Orléans, Plateforme 2 Pôles Cirque en Normandie I La Brèche à Cherbourg – Cirque Théâtre d’Elbeuf

Avec le soutien de :
Le Théâtre Roger-Barat d’Herblay, le Nouveau Théâtre de Montreuil, le Théâtre de la Bastille, la Ménagerie de Verre dans le cadre de Studiolab, l’IRCAM, le Centre National des Arts du Cirque de Châlons-sur-Saône, la SPEDIDAM et l’ADAMI.
LA SPEDIDAM est une société de perception et de distribution qui gère les droits des artistes interprètes en matière d’enregistrement, de diffusion et de réutilisation des prestations enregistrées.

La compagnie La Sérénade Interrompue était jusqu’en décembre 2016 en résidence au Théâtre Roger Barat d’Herblay, avec l’aide de la Ville d’Herblay, de la DRAC Ile-de-France, du Conseil Général du Val d’Oise, et du Festival théâtral du Val d’Oise.
Elle est conventionnée avec la DRAC Ile-de-France – Ministère de la Culture et de la Communication.

Contact : Les Indépendances
Tel. 01 43 38 23 71 / production@lesindependances.com


Photos Alexandre Ah-Kye



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